Un des grands
combats de la SPPEF : contre l’implantation anarchique des éoliennes et
pour la sauvegarde des paysages.
La Politique de la France en matière d’énergies
s’est infléchi depuis plusieurs années, depuis l’élaboration du
Protocole de Kyoto, et la prise en compte des menaces que peuvent faire
peser la prolifération des gaz à effet de serre (GES) sur le climat de
la Terre, et surtout depuis le Grenelle de l’Environnement en 2007.
La France a
commencé à se doter en conséquence d’une politique volontariste pour la
réduction des GES et de développement des énergies renouvelables, tout
a fait souhaitable. En Juillet 2006, c’est surtout pour la
production d’électricité, qu’elle a décidé de fixer la part des
énergies renouvelables à 21% à l’horizon 2010. Objectif ambitieux, mais
qui ne pourra avoir qu’un impact marginal, puisque la production
d’électricité en France est à environ 95% d’origine hydraulique ou
nucléaire, ne produisant pas de gaz à effet de serre.
Plus
récemment, en mars 2007, les Chefs d’Etats européens se sont fixé
des objectifs pour 2020, connus sous le sigle des 3x20, dont l’un est
de porter à 20% la part des énergies renouvelables dans la consommation
d’énergie globale ( et pas seulement pour l’électricité).
La loi du
3 août 2009, dite « Grenelle 1 » a adopté le chiffre de
23% pour la France, grâce à une augmentation de 20 millions de tonnes
équivalent pétrole (Mtep) de la production annuelle d’énergie
renouvelable.
La France
a choisi de donner une part très importante de ce développement des
énergies renouvelables à l’énergie éolienne, multipliant les
incitations, comme l’obligation d’achat par EDF de l’électricité
d’origine éolienne pendant 10 à 15 ans à un prix de l’ordre de 3 fois
ce qu’elle lui coûte actuellement, pour le plus grand bénéfice des
promoteurs éoliens. Elle affiche un objectif de 10 000 MW éoliens
installés fin 2010, L’objectif pour 2020 n’est pas encore
officiellement fixé, mais le Ministère de l’Ecologie demande
d’installer 25 000 MW, soit plus de 7 fois la situation de fin
2008, ce qui correspondant approximativement à 10 000 éoliennes de
plus sur le territoire français.
La SPPEF s’est inquiétée, maintenant
depuis presque 10 ans de cette politique et de sa mise en œuvre
anarchique, mettant en danger les paysages de la France. En effet ces
éoliennes industrielles récentes sont gigantesques (de
l’ordre de 2 fois la hauteur d’une cathédrale), visibles à plus de 15
km, et écrasant par leur hauteur nos paysages traditionnels
A partir de cas concrets
particulièrement destructeurs pour les paysages, la SPPEF a réussi a
faire prendre conscience aux autorités responsables de la nécessité
d’une meilleure réglementation pour ce développement. Avec le support
des grandes associations nationales de défense du patrimoine
(dites G8), elle a obtenu quelques avancées significatives,
comme :
- le
maintien de l’autorité du préfet pour la délivrance des permis de
construire des éoliennes,
- l’obligation d’une
étude d’impact, et d’une enquête publique,
- la définition de ZDE
(Zones de développement Eolien) dans chaque département sous l’autorité
du préfet ; zones qui doivent tenir compte « la
protection des paysages, des monuments historiques et des sites
remarquables et protégés ».
Ces
mesures apportent déjà de meilleures garanties pour le respect des
paysages, mais elles laissent beaucoup de latitude dans
l’interprétation de ces directives, et la porte ouverte à un important
contentieu x.
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La France, encore 1ère destination
touristique mondiale a tout à perdre de la dégradation de ses paysages. Beaucoup d’autres mesures
sont demandées par la SPPEF, en particulier dans le cadre du projet de
loi «dite Grenelle 2», pour laquelle la SPPEF a été invitée
à donner son avis auprès du Ministère, et aussi auprès des
parlementaires qui examinent ce projet de loi, qui devrait être voté
avant la fin de 2009. Citons :
- le respect d’une
distance d’au moins 10km, dont les éoliennes seront exclues, autour du
littoral, des sites remarquables et protégés, et des monuments
historiques, lorsque la protection de cônes de vues remarquables le
justifiera. L’exemple ci-dessus de l’implantation des éoliennes de
Bonneval sur le Loir implantées à 5km de l’église MH devrait être évité.
- de maintien de la
règlementation concernant les éoliennes, lors de leur passage sous le
régime des ICPE (Installation Classée pour la Protection de
l’Environnement), voulue par le gouvernement : études d’impact et
enquête publique, garanties financières pour le démantèlement en fin de
vie,…)
Une des mesures incluses dans les lois Grenelle
est la mise en place de Schémas Régionaux du Climat de l’Air et de
l’Energie, et plus particulièrement des énergies renouvelables. Le
Ministère a demandé que son volet concernant l’éolien terrestre soit
mis en place pour la fin 2009. Il doit préciser pour les éoliennes les
zones propices et les zones exclues. La SPPEF participe localement aux
ateliers de concertation qui sont mis en place sous l’autorité des
Préfets de Région.
Il ne reste pas moins que cette dégradation de nos paysages, que va
entraîner le développement effréné des éoliennes, est accompagnée d’un coût prohibitif pour
la collectivité pour un effet marginal sur la réduction des gaz à effet
de serre (GES).
L’obligation de
rachat de l’électricité à un taux très élevé, que les consommateurs
français retrouvent dans les augmentations du tarif public, a été
vertement critiquée par une Commission d’experts, la CRE, Commission
pour la Régulation de l’Energie, qui a chiffré le coût pour la
collectivité à environ 2 à 2,5 milliards d’euros par an, si
les objectifs 2015 du gouvernement étaient atteints (27 milliards
d’euros en tout), et la rentabilité sur fonds propres investis entre 20
et 40%, ainsi garantie aux promoteurs, rémunération plus que supérieure
à la normale.
De plus, le choix de l’énergie éolienne pour lutter contre les GES est
contestable. Elle est en effet intermittente,
et ne peut garantir une production d’électricité quand on en a
besoin ; elle oblige donc la France à construire
actuellement des centrales supplémentaires permettant de faire
face aux périodes de vent faible, principalement des centrales au gaz, qui vont au
contraire augmenter les émissions de GES.
Comme l’a très bien mis en évidence les conclusions du Grenelle de
l’environnement, il serait bien plus efficace de s’attaquer aux causes majeures des
émissions de GES que sont en France le chauffage et les
transports automobiles, et non pas la production d’électricité. Pour
cela les domaines de développement des énergies renouvelables sont
vastes et prometteurs, comme l’exploitation de la biomasse, agricole et
forestière, ou la géothermie et les pompes à chaleur, qui
n’abiment pas les paysages.
Des incitations fiscales ont été mises en place pour favoriser ces
énergies, mais les investissements en recherche, qui pourraient donner
à la France une avance technologique, sont encore loin de ce qu’ils
mériteraient d’être pour faire face aux enjeux futurs.
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